Lâcher prise pour gagner en efficacité et lucidité, un paradoxe prometteur !
« Plutôt que reculer, je préfère avancer » répond un DRH à mon invitation à rejoindre le cercle des dirigeants heureux, atelier de ressourcement et de prise de recul, qui passe par le «lâcher-prise.
Surprise par cette remarque, j’essaie de comprendre cette réaction.
Que peut évoquer pour un dirigeant, pour un leader, pour celui habitué à être continuellement dans l’action, la notion de prise de recul et de lâcher prise?
Il a l’habitude d’aller de l’avant, de se projeter, de visualiser l’avenir, de décider, d’essayer d’avoir toujours « un coup d’avance » et voilà qu’on lui suggère de PRENDRE DU RECUL !
Il peut vivre cela comme si un élastique attaché à sa cheville, le ramenait brutalement en arrière et l’empêchait de progresser. Comme si prendre du recul s’opposait à l’efficacité dont doit faire preuve le leader continuellement.
Ce n’est juste pas entendable pour lui !
Et pourtant, au fond de lui, n’a-t-il pas l’impression quelquefois d’être entraîné dans une course sans fin, dont il ne voit plus le sens, la finalité et qui peut lui donner le tournis ?
N’éprouve-t-il pas la sensation dans ces moments-là, justement de manquer d’efficacité ? Quand le « nez dans le guidon », il persiste, il s’acharne à continuer à pédaler croyant bien faire, sans arriver au résultat escompté ? Comment est-il être sûr alors que ce qu’il décide est juste et pertinent ?
Nous sommes là dans ce que l’on appelle un cercle vicieux.
C’est peut-être le moment d’oser lâcher-prise pour prendre du recul et inversement, d’oser prendre du recul pour lâcher prise! Cette pause, ce pseudo ralentissement irait-il à l’encontre de ce que nous imaginons être la réussite ?
Bien sûr, nous nous accordons des pauses dans nos vies encombrées, mais nous permettent-elles de déconnecter vraiment notre mental des projets en cours, des tâches restant à faire, des problématiques à résoudre… ? Des pauses au service aussi de notre mission de dirigeant ?
Prendre du recul va au-delà de cela, c’est s’autoriser à débrancher ponctuellement des préoccupations du présent et de celles que l’on se crée mentalement pour le futur (puisqu’en réalité, nous n’en savons rien !) pour se donner la possibilité d’appréhender les situations différemment.
Prendre du recul ne donne pas un coup de frein à nos projets, ne ralentit pas fondamentalement notre action. Au contraire, cela nous permet de leur donner un nouvel élan, un nouveau regard. C’est ouvrir notre créativité au champ des possibles pour accéder à des options qui nous étaient jusque-là invisibles. N’avez-vous jamais expérimenté la survenue inattendue d’une solution à un problème sur lequel vous butiez depuis un moment ? Vous avez « lâché » le problème, vous l’avez laissé de côté et d’un seul coup, dans un contexte tout autre, la réponse à vos questions surgit naturellement ? C’est aussi ce qu’Einstein appelait le « jeu combinatoire ».
La prise de recul nous permet également de revisiter avec sérénité, avec lucidité, nos décisions, notre manière de gouverner notre entreprise, pour plus de justesse, d’impacts à court, moyen et long termes.
Pour réussir à prendre du recul, le lâcher-prise est une ressource incontournable. Lâcher prise sur ce que nous ne pouvons pas contrôler, ni empêcher, nous aide à relativiser toute situation, en se défocalisant de notre seule interprétation, forcément limitée.
Nous gagnons en sérénité en ouvrant la porte à la lucidité. Celle-ci nous aide à être patient pour semer les graines de nos succès au bon moment. Tout jardinier vous le dira : « Inutile de semer trop tôt en fin d’hiver, vos semis au potager au risque qu’ils ne germent jamais, pourris dans le sol ou mangés par des insectes ou des oiseaux !»
Un dirigeant me partageait l’autre jour son impatience de faire accompagner ses collaborateurs autour du thème de la cohésion d’équipe, d’autant plus nécessaire en ces temps de perte de liens. Après réflexion, il a décidé de reporter cette action. En effet, est-ce pertinent de ressouder une équipe sans savoir si dans quelques mois, toute l’équipe sera encore au complet, conséquence éventuelle de la crise actuelle ? Y-a-t-il une bonne réponse ?
Une prise de recul lui a permis de prendre la décision qui lui semblait la plus ajustée à court et moyen terme, et de l’assumer.
De plus, le lâcher-prise nous alimente en énergie positive pour dépasser les obstacles, les difficultés avec sérénité, en réorientant nos actions. Là, où le découragement, le pessimisme, le manque de réactivité nous bloque, le lâcher-prise révèle notre leadership authentique pour emmener avec nous, tous les acteurs de l’entreprise dont nous sommes interdépendants. L’espace de créativité ainsi libéré révèle notre puissance d’être.
Si nous ajoutons la sérénité et donc le bien-être que nous apporte également le lâcher-prise, nous constatons que nous avons, là réunis, tous les ingrédients de l’efficacité que nous recherchons toujours si activement.
Ainsi, loin de nous faire reculer, de nous faire perdre du temps, la prise de recul portée par le lâcher-prise accroît notre capacité à prendre les (bonnes) décisions. Elle nous aide dans la mise en place des actions nécessaires pour atteindre nos objectifs, au bénéfice de l’entreprise et de l’ensemble des personnes qui participent à son fonctionnement.
Alors, pensez-vous que la prise de recul est une perte de temps ou plutôt un levier d’efficacité à notre disposition, pour mieux avancer ?
Lorsque vous décidez de prendre du recul, reculez-vous devant quelque chose ou au contraire, augmentez-vous vos chances de réussite en posant les intentions justes ?
Au plaisir de lire vos commentaires.
Nous vous accompagnons à repenser à trouver des clefs et des réponses ajustées à votre contexte d’entreprise et à les mettre en place.
Pour une approche personnalisée : pascalerichard@upayadeveloppement.fr
* "ÊTRE UN DIRIGEANT HEUREUX - Prendre soin de soi et de ses collaborateurs " Editions AFNOR
