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Changer de regard pour avancer en confiance dans l’incertitude

"Les choses sont telles qu'elles sont et non telles que nous préfèrerions qu'elles soient. Le comprendre et l'accepter est l'une des clés du bonheur." Sa Sainteté le Dalaï-Lama


Confiance et incertitude semblent de prime abord, antinomiques…La confiance pour beaucoup, évoque la tranquillité, le connu, la stabilité (et chacun pourra compléter cette liste) alors que l’incertitude vient plutôt nous bousculer dans nos habitudes, nous dérouter, déranger notre vie.

Comment s’éloigner de cette dualité et réconcilier l’inconciliable pour mettre du « et » plutôt que du « ou » dans nos vies ?


L’incertitude est une constante incontournable de la Vie ! Elle est liée au changement qui lui aussi, est présent plus ou moins visiblement dans tous aspects de l’existence des humains et non-humains. Cette incertitude plus ou moins forte – ou précisément, ressentie plus ou moins fortement par chacun-, impactante de différentes manières, dans notre quotidien, peut nous limiter, nous empêcher dans notre liberté d’être.

Comment accepter le changement permanent pour l’intégrer avec de plus en plus de fluidité dans notre vie, et en faire au mieux, un allié, ou tout au moins, un non-sujet?

Autrement dit, comment rester dans une dynamique de joie, en acceptant ce non-savoir dans notre réalité et en restant parfaitement aligné avec ce qui fait sens pour nous, avec ce qui nourrit notre bonheur authentique ?


Pour tenter de trouver nos réponses face à cette peur, regardons avec lucidité ce qui nous inquiète vraiment dans l’incertitude.

Depuis des décennies avec l’évolution croissante de la connaissance – ou ce que nous pensons être de la connaissance – et de la technologie, l’Homo Sapiens est entré petit à petit dans l’illusion d’une maitrise totale de son environnement, au détriment souvent des autres êtres vivants et de la nature, avec les conséquences dramatiques que nous constatons aujourd’hui.

Ce que nous ne maitrisons pas encore – et que nous ne maîtriserons jamais, n’en déplaise à certains- nous cherchons à l’occulter, à l’éloigner de notre réalité, notamment en remplissant nos journées d’une frénésie d’activités choisies ou subies. En submergeant notre mental, nous réduisons l’accès à notre conscience qui seule, nous permet de sortir de l’ignorance pour aller vers la justesse …

Ainsi en va-t-il par exemple, de la mort et des maladies que nous ne réussissons pas à guérir !


En nous réfugiant dans un pseudo-cocon sensé nous protéger, nous perdons le lien avec la vérité de Vie et ce qui en fait la saveur, à savoir ses aspérités, ses mouvements, sa fragilité et donc sa beauté.

La peur- souvent inconsciente- de devoir remettre en question ce que nous croyons vrais et permanents, nous empêche d’accueillir les évènements imprévus (que NOUS n’avions pas prévus ou que NOUS n’avions pas voulu prévoir !) , anodins ou plus prégnants qui surgissent dans nos vies, nous surprennent et en détournent le cours sur une plus ou moins longue distance.


Nous nous laissons bousculer et devenons inquiets devant ces changements que nous n’avions pas

imaginés et qui nous invitent à requestionner nos croyances et nos certitudes


Nous nous trouvons devant la réalité de ce que la psychologie bouddhiste nomme l’impermanence, à savoir que même les habitudes, les routines, les projections, les plans prévisionnels que nous mettons dans nos vies, ne nous protègent pas des mouvements constants de tout ce qui nous entoure.

Pour la plupart d’entre nous, devant ces perturbations « soudaines », nous sommes déstabilisés, désorientés, perdus, pétrifiés, immobilisés (rayer les mentions qui ne vous concernent pas), impuissants à continuer à savourer avec sérénité notre vie.

Bien entendu, nous avons tous en nous les qualités humaines pour dépasser ces peurs, faire face à ce qui n’est que la « normalité » mais nous n’y accédons pas tous avec la même facilité, la même spontanéité. C’est ce qui explique par exemple, que certains d’entre nous continuent à se mettre en souffrance seuls, en s’énervant chaque jour, bloqués dans les embouteillages alors que d’autres, se gâchent un bon moment parce qu’un grain de sable vient perturber le déroulement prévu de leur journée (et non pas le « bon » déroulement car il n’y a pas de « bon » ou de « mauvais » déroulement, il y a ce qu’il devait y avoir !). De plus, nous pouvons facilement avoir tendance à rejeter la responsabilité de ce qui arrive à l’extérieur de nous (l’autre, les autres, la société, l’entreprise, etc.). De cette façon, nous accroissons d’une part, notre souffrance en nous bloquant l’accès à ce sur quoi nous pouvons agir puisque nous nous enfermons dans une posture de victime subissante (« si je pense que ce qui advient est uniquement à l’extérieur de moi, je ne peux pas agir pour y changer quoi que ce soit ») et d’autre part, celle de l’autre, des autres et du monde en les accablant le cas échéant de reproches et de récriminations et en ne mettant pas à leur service, nos formidables ressources humaines pour trouver les bonnes réponses à ces changements.


N’est-ce pas ce que nous vivons depuis maintenant plus d’un an et demi, où une partie de la population s’étant enfermée -involontairement bien entendu- dans sa carapace de peur (mécanisme de défense inconscient) préfère la posture de victime et son cortège d’accusations, de reproches, d’égocentrisme, de complotisme…etc. plutôt que de regarder la réalité en face, d’accepter sa part de responsabilité (nous avons tous contribué-mais cela aussi peut être difficile pour certains de le reconnaître- à ce qui nous arrive) et de coopérer ensemble à résoudre nos comportements dysfonctionnels, sans se laisser manipuler à exacerber les oppositions ?


De quoi avons-nous besoin pour vivre naturellement cette incertitude constante dans notre quotidien et ne pas la laisser nous perturber par ses impacts pour continuer à avancer dans la confiance ?

Plusieurs pistes possibles…

D’abord, nous venons de l’évoquer, d’acceptation de ce qui arrive, de ce qui est incontournable et que « simple et juste » humain, nous ne pouvons changer[i].

Cela nécessite de réévaluer la perception de notre place dans l’univers, de se reconnecter à notre humilité et à notre interdépendance avec tout ce qui est.

Nous pouvons alors regarder l’incertitude différemment, positivement comme une magnifique opportunité d’étudier avec lucidité la réalité de ce que nous vivons, de nous interroger régulièrement sur la justesse de notre posture d’être, de nos décisions, de nos actions au quotidien -ce qu’un certain nombre d’entre nous a d’ailleurs fait, justement à l’occasion de cette crise Covid-19. Nous pouvons ré-évaluer notre façon de mener notre vie, sous l’angle des impacts positifs et négatifs qu’elle entraîne sur nous-mêmes, les autres et le monde.

Prendre conscience de cela nous fait sortir de l’ignorance – au sens de la psychologie bouddhiste, c’est-à-dire la méconnaissance de la réalité- et consolide notre aptitude naturelle à la confiance:

confiance en soi, en les capacités intrinsèques de notre profonde nature humaine, confiance en les autres qui possèdent cette même nature humaine et confiance dans la vie simplement, avec la lucidité vis-à-vis de l’incertitude.

Et cette confiance retrouvée nous invite à la sérénité, à l’ouverture à ce qui pourrait être à la place de ce qui ne peut plus être.

Pour l’entretenir, il me paraît salutaire de pratiquer régulièrement la gratitude : prendre conscience de tout ce dont nous bénéficions de positif dans notre vie et remercier pour cela– soi, le divin, Dieu, l’Univers, la chance…-. En s’appliquant, quelles que soient les expériences plus ou moins faciles que nous traversons, nous pouvons toujours identifier un minimum de positif. Cela peut être de toutes petites choses… Peu importe ! Cet entraînement de l’esprit nous aide à relativiser et à regarder ce qui va plutôt que ce qui ne va pas (travers répandu chez l’humain pour des raisons biologiques et d’évolution) et nous alimente en énergie positive, excellente antidote aux peurs, doutes liés à l’incertitude.

Autre avantage, un état d’esprit positif facilite l’identification des opportunités qui éclosent dans l’incertitude et le changement et nous encourage à passer à l’action !

Enfin, pour positiver l’incertitude, s’autoriser à laisser émerger notre partie créative, parfois profondément enfouie en nous, se révèle précieux pour oser des engagements dans des directions inexplorées jusqu’alors et se laisser surprendre par des résultats que nous n’aurions pu imaginer, en restant coincés dans notre illusion de stabilité.


En s’appuyant sur la lucidité et le discernement et en nous laissant inspirer et porter par l’Octuple Sentier[ii], méthode proposée par le Bouddha il y a plus de 2 500 ans, l’incertitude devient le terreau pour cultiver la sérénité en vue d’atteindre un bonheur authentique, cadeau au monde.

Oui, l’incertitude ou l’impermanence est indissociable de la vie et nous ne pouvons l’éviter. La très bonne nouvelle reste que nous avons toujours le choix, en nous appuyant sur nos qualités fondamentales d’être humain, de l’accueillir et d’en faire une force pour fertiliser notre existence plutôt que de la subir et d’être insatisfait toute notre vie.

Que choisissez-vous ?


Vos commentaires sont les bienvenus…

[i] Voir article sur le lâcher-prise sur le blog www.entreprendreavecaltruisme.fr [ii] La vision juste, la pensée juste, la parole juste, l’action juste, les moyens d’existence juste, l’effort juste, l’attention juste, la concentration juste.


Pascale RICHARD















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